Hour Glass
de Haile Gerima – 1971, États-Unis, 13 min

Le premier film de Hailé Gerima au cours de ses études à UCLA met en scène la prise de conscience du racisme et de l’exploitation par un jeune basketteur noir : l’Amérique est une prison dont il faut forcer les barreaux. Le groupe The Last Poets rappe « Time is running out », et Elaine Brown, présidente du Black Panther Party de 1974 à 1977, chante « Seize the time ».

 

Haile Gerima est un réalisateur éthiopien, né le 4 mars 1946 à Gondar (Éthiopie). Il a émigré aux États-Unis en 1968, pour entrer à l’Université de Californie à Los Angeles, où il est membre de l’école des réalisateurs noirs de Los Angeles. Haile Gerima est également scénariste, producteur et monteur.
Hailé Gerima est professeur de cinéma à l’Université Howard de Washington depuis 1975. En 1976, son film La Récolte de trois mille ans lui vaut une reconnaissance internationale. En 1993, Sankofa, film sur l’esclavage, obtient le Prix du meilleur long métrage lors du 3e Festival du cinéma africain de Milan. Il réalise et produit en 1999 le film Adoua : une victoire africaine, consacré à la bataille d’Adoua, bataille remportée par l’Éthiopie contre l’Italie assurant au pays le maintien de son indépendance face au colonialisme. Il reçoit, en 2008, pour son film Teza (La rosée) le prix du meilleur scénario et le prix spécial du jury à la 65eMostra de Venise1, le grand prix du festival international du film d’Amiens2, ainsi que cinq grand prix aux JCC 2008 (Tunisie)3. En 2009, le film remporte également l’Étalon de Yennenga (Grand Prix) du Fespaco à Ouagadougou. En 2014 il est membre du jury du 36e Festival international du film du Caire, présidé par l’égyptienne Youssra.

 

Devil’s fire
de Charles Burnett – 2004, États-Unis, 1h30, VOstFR

Charles Burnett explore son propre passé. Enfant, il a vécu entre Los Angeles, le Mississippi,, a découvert le blues, adoré de sa mère, déclaré « musique du diable » par sa grand-mère. Son film unit fiction, images documentaires dans un conte sur la rencontre d’un jeune garçon avec sa famille dans le Mississippi en 1955, les tensions entre les accords célestes du gospel, les plaintes « diaboliques » du blues. « Le son du blues a toujours fait partie de mon environnement. Tandis que les années passaient, cette musique a lentement émergé comme une source essenielle d’images, d’humour, d’ironie, de réflexions sur la condition humaine. J’ai toujours eu envie de raconter une histoire sur le blues qui non seulement reflète sa nature, son contenu, mais qui s’intéresse aussi à sa forme elle-même. Une histoire qui vous donne l’impression du blues. » Charles BURNETT

 

« IMPRESSION DE BLUES
En signant ce quatrième opus des documentaires sur le Blues produits par Martin Scorsese, Charles Burnett suit à la lettre la consigne de départ: traiter d’une certaine émergence du Blues d’une manière tout à fait personnelle et passionnée. Son idée principale était dans un premier temps de construire son film de telle sorte que sa forme même « fasse écho au Blues ». Pour ce faire, il mélange éléments de fictions, scènes de reconstitution, images d’archives, voix off. Il replace différentes formes de Blues issues du Mississippi dans leur contexte historique, n’hésitant pas à jeter à l’œil du spectateur des photos d’époque prises dans les champs de coton, les camps volants de consolidation des digues mis en place après la grande inondation du Mississippi, les forçats enchaînés, les pendaisons du Ku Kux Klan. Il crée ainsi un cadre de base, un matériau fixe, dans lequel il laisse s’introduire une grande part de jeu, comme le fait le Blues. A chaque extrait de documentaire, il appose une anecdote fictionnelle ou reconstituée, dépassant ainsi le simple stade informatif. C’est un mode de vie et de pensée que le réalisateur donne à voir à travers les yeux et le ressenti de ce jeune garçon en proie aux contradictions de son oncle, du Blues et de la morale bien pensante du sud américain des années cinquante.

« DES TETONS GROS COMME LE BOUT DE TON POUCE »
Le Blues, art de la contradiction, chant du diable (en opposition au Gospel, littéralement « parole divine ») et des femmes de petite vertu distillant dans leurs airs des mots jugés bien trop crus pour être écoutables. C’est cette idée que Charles Burnett a choisi de traiter dans ce film au titre déjà évocateur. A travers ses différents personnages (Oncle Buddy, bluesman coureur de jupon, Oncle Elm, prédicateur à cheval sur les principes, et un jeune garçon venu sauver son âme par le baptême, qui ne sait que choisir entre le Blues et le Gospel) et les figures emblématiques du Blues choisies ici (Son House, Sister Rosetta Tharpe, Reverend Gary David), ce semi documentaire met en exergue la relation complexe qu’entretenait cette musique émergente et l’Eglise. Un rapport entre sacré et profane maintes fois chamboulé par des artistes qui n’hésitaient pas à naviguer constamment entre Gospel et Blues au gré de leur émancipation. De ce thème découlera évidemment le statut très particulier des chanteuses de Blues, dont notamment Bessie Smith et ses suivantes, comme Gertrude Ma Rainey ou Ida Cox, qui sont ici largement évoquées. Issues du Music-hall, tout en étant considérées comme des traînées pour traiter ouvertement de sujets profondément féminins, elles ont eu un impact considérable sur le développement de la musique, lui apportant une certaine créativité et un professionnalisme que ne possédaient pas les bluesmen. »
(par Julie Anterrieu)

 

Charles Burnett
Les travaux les plus significatifs de Burnett décrivent la vie de Noirs Américains de la classe moyenne urbaine, dans un style quasi-documentaire qui peut être rapproché du néoréalisme italien. On en trouvera une illustration dans son premier long métrage Killer of Sheep (1977). Peu diffusé lors de sa première sortie à cause de problèmes de droits liés à la bande-son, il acquiert cependant une certaine réputation dans le milieu cinématographique américain. En 1990, il est sélectionné pour figurer dans le National Film Registry de la Bibliothèque du congrès1. En 2007, les questions de droits enfin éclaircies, le film connaît une nouvelle sortie aux États-Unis, prolongée en 2008 en France. Il réalise son second long-métrage My brother’s Wedding en 1983, puis To Sleep with Anger en 1990, film qui obtient l’Independent Spirit Awards du meilleur réalisateur, du meilleur scénario et du meilleur acteur. En 1993, Charles Burnett réalise The Glass Shield, un drame urbain sur la corruption et le racisme qui gangrène la police de Los Angeles. Il réalise également de nombreux documentaires pour la télévision et signe un volet de la série The Blues produite par Martin Scorcese. En 2007, il réalise un nouveau long-métrage Namibia: The Struggle for Liberation, dans lequel il dresse un portrait du leader indépendantiste namibien Samuel Nujoma.


 

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