Édito

 

Les premières productions de l’ICAIC (Instituto Cubano de Artes e Industrias Cinematógraficos) constituent les oeuvres les plus représentatives et internationalement acclamées de la Révolution triomphante à Cuba. L’impulsion d’une nouvelle industrie cinématographique nationale et l’hétérogénéité de ses productions, témoignent à la fois de la réputation de la Révolution et d’une liberté singulière de création au sein des mouvances socialistes non-alignées de l’époque. L’histoire réelle est plus complexe. Cette icône du triomphe nationaliste s’est forgée dans le dialogue, fruit de collaborations étrangères qui étaient parfois la force principale dans les coulisses de l’institution.

Dans ce contexte, le rôle de Theodor Christensen se démarque, en tant que cinéaste et mentor des jeunes talents cubains. Beaucoup d’œuvres saluées pour leur « liberté artistique » sont le produit de ce dialogue largement méconnu. Notre programme présente certaines œuvres emblématiques de la période, re-contextualisées avec d’autres moins connues. On retrouve les complexités internes, les suppressions et les réappropriations, derrière la constitution de l’exception culturelle cubaine.


Courts métrages de Humberto López y Guerra

1964-1979 | 45 min | 16mm

Séance en présence du réalisateur

Humberto López y Guerra a commencé sa carrière cinématographique en 1960 en produisant et en réalisant une série de films documentaires pour l’ICAIC. En 1963, il reçoit une bourse pour étudier à l’école supérieure de cinéma de Babelsberg à Berlin, en Allemagne. Après avoir obtenu son diplôme il est rentré à Cuba où il réalisa son film Juventud 67 (Jeunesse, 67). Cependant, il est retourné en Europe en 1968 et il a déménagé en Suède. Il vit actuellement à Antibes et viendra présenter ses films documentaires et étudiants en personne au Videodrome 2, une occasion rare de rencontrer l’un des innovateurs de l’école documentaire cubaine.

 

Salut les cubains de Agnès Varda

1964 | 30 min | pellicule 16mm

Quatre ans après l’arrivée de Fidel Castro, Agnès a ramené de Cuba 4000 photos et opère un travail de refilmage à l’aide du procédé du « banc-titre », couramment utilisé dans le cinéma d’animation, accompagné d’un montage aussi puissant que réjouissant. Au son, les voix de la réalisatrice et de Michel Piccoli enchevêtrées à des mouvements festifs et euphoriques de rumba, de guaguancó, de guaracha.

« Je voulais montrer, entre autres, les sources africaines, haïtiennes, françaises, catholiques de la musique cubaine », précise Agnès Varda.

La vision de Varda est unique pour la distance ironique dans laquelle elle cadre son enthousiasme. On note aussi sa tendance à personnaliser la Révolution, avec l’apport de sa jeune assistante de l’époque, la documentariste Sara Gómez (vue en train de danser dans le clip ci-dessous), qui aujourd’hui est considérée comme une des plus importantes cinéastes de l’ICAIC.

Avant d’être cinéaste, Agnès Varda a été photographe. En décembre 1962, la cinéaste part à Cuba. Elle est invitée par l’ICAIC à photographier l’euphorie révolutionnaire, sur la recommandation de son collègue Chris Marker, qui venait d’y réaliser un documentaire, Cuba Si. Cuba vit alors ses années « de révolution cha-cha-cha » après la crise des missiles en d’octobre, qui loin d’avoir affaiblit l’allégresse et l’effervescence générale, affermit la conviction d’une victoire historique face au dictateur Batista, à la solde des Américains, renversé en 1959 par Castro et ses compagnons. A cette époque, Cuba fascine. De nombreux intellectuels (Régis Debray, Michèle Firk, K.S Carol, Claude Julien…) s’enthousiasment pour la Révolution et sa figure de proue, Fidel Castro. Des comités Cuba se créent, des délégations d’écrivains, de penseurs, d’artistes (Michel Leiris, Maguerite Duras, Pierre Guyotat, Jorge Semprun…) se rendent sur place pour embrasser la liesse cubaine.

 

https://www.youtube.com/watch?v=Kbg2f-dAXDQ


Informations pratiques

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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.

Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).

Nous croyons au prix libre comme une possibilité pour chacun·e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu.


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