Mardi 28 janvier 2025 · 20h30


Édito

 

Mal vu mal dit prend des nouvelles du « cinéma muet ». De ce cinéma « pauvre », qui n’a ni la couleur, ni la parole, qui n’a que les yeux. De ce cinéma qui a pourtant su nous donner à voir et à entendre quelque chose que nous n’avions jamais vu ni entendu.

Tous les films que nous proposerons seront projetés dans le silence. Comme l’écrivait Jean Louis Schefer à son égard :

« Le cinéma, même muet, n’a jamais pu être un cinéma silencieux. C’est plus entièrement un cinéma pris dans le chuchotement (les cartons, par exemple, lus à voix basse aux enfants au cours de projections). Et par ce silence chuchoté dans les premières images, un retour de cette poussière en nous, de cette lumière, de ces corps gris ; comme si un enfant, assis en nous, tenait encore notre main. »

Une programmation proposée par Simon Gaillot et Olivier Geli.


Les Hommes le dimanche

de Robert Siodmack et Robert G.Ulmer | 1929 | Allemagne | 1h14 | Muet

Le soleil rutile, splendide, sur ces Hommes, à travers les roseaux l’après-midi. L’enjeu du film est tout entier ici, aux limites de la fiction, à l’écart des récits, il s’agira de faire des marges le centre (par ailleurs, le scénario, aussi épuré et délié soit-il, reste crédité à Billy Wilder).
Les Hommes le dimanche prend d’abord les traits d’une symphonie urbaine, grouillante, sifflante, imposant de grands mouvements toujours panique, toujours alertes, dont on ne peut se défaire qu’avec beaucoup de fatigue.
C’est dans le trou des songes d’une petite dépression, pendant la grasse matinée d’Annie, qui ne sait plus se lever, tenue au lit par un sommeil qui dure tout le jour, que prend forme une exaltation nouvelle.
En marge des drames et des inquiétudes qu’imposent les mouvements perpétuels de la grande ville perce un drôle d’espoir, tout érotique, une échappée dominicale comme rêvée. Loin du brouhaha des passages piétons, des gares, des rues, on scrute, à la manière d’un anthropologue ou d’un entomologiste (on observe d’ailleurs, en s’amusant, une chenille se tortiller), on regarde un peu de biais, un peu de trop près. On se demande ce que peuvent bien faire ces jeunes gens dans le Berlin des années 30, façon « dernières insouciances de Weimar ». On s’approche mieux dans les parcs. Le constat semble implacable : il reste surtout des corps. Des corps alanguis, qui s’épanchent, se refusent. Des possibilités d’amour, de tendresses, mais aussi de petites cruautés.
Le parc le dimanche, dans sa clarté éblouissante, connaît une temporalité qui lui est propre, indéfinie, ballante. Cependant, c’est aux heures perdues, dans les jeux de séduction, que les petites obscurités latentes apparaissent avec le plus d’évidence. Quelques chose devait empêcher tout cela de filer trop vite, trop droit. Dans ces « temps morts », il y a comme une petite horreur pressante qui rôde, jusqu’à ce que la légèreté lumineuse, la liberté buissonnière, dont le film est tout entier empreint, reprenne ses droits.


Informations pratiques

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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.

Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).

Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun·e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 8€ et valable sur une année civile.


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