Cette programmation accompagnées d’interventions et en présence des réalisateurs.trices a pour un cadre un colloque inscrit dans l’axe de recherche « Imaginaire urbain en Méditerranée » du LESA et issu d’un programme de recherche mené sur le Centre Méditerranéen de Création Cinématographique (Pépinière Amidex, 2017-2019). Ce colloque sur trois journées s’intéresse aux productions des cinéastes arpenteurs. Il envisage d’interroger des cinéastes qui arpentent, parcourent, décrivent et tissent des territoires réels, imaginaires ou fantasmés. Leur œuvre offre un travail de figuration filmique qui permet de penser l’espace dans son épaisseur temporelle. Le cinéaste-arpenteur est celui qui sort des terrains quadrillés et marqués par les signes du pouvoir pour échapper aux circulations rapides, aux rythmes effrénés des vitesses imposées.
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Pour votre information, le Videodrome 2 reçoit uniquement les projections liées au colloque.

Séance présentée par Marina Vidal-Naquet : conférence introductive « Fernand Deligny : au détour d’écrire, une caméra ».
En présence de Bruno Muel, producteur des films de Renaud Victor
Discussion animée par Ian Simms


« Présences proches, c’est ainsi que se désignaient eux-mêmes les jeunes gens qui étaient venus vivre dans la région de Monoblet , un villages des Cévennes, près de Fernand Deligny et des premiers enfants autistes qui lui étaient confiés. Ces jeunes gens étaient « comme par hasard », dit Deligny, des paysans ou des ouvriers en rupture et « comme par hasard », les autistes étaient les cas les plus lourds, de ceux qui ne parlent pas et tentent de se cogner la tête contre les murs, c’est-à-dire ceux que la société ne supporte pas. Renaud Victor était l’un de ces jeunes gens.

La plus belle séquence de « Ce gamin, là » son premier film, est un long repas, de la préparation jusqu’à la vaisselle, sous un abris de branchages, et tout autour il neige, d’un groupe d’enfants mêlés à leurs éducateurs. Ni les uns ni les autres ne disent un mot. La scène est magnifiquement filmée par l’apprenti cinéaste Renaud Victor. Quand le film sortit et rencontra un succès imprévisible, il y eut deux types de réactions. Les uns furent sensibles à l’ambiance de douceur, de tolérance et même de gaité qui se dégageait de ces belles images. D’autres trouvèrent intolérable l’attitude des « présences proches », l’absence de pratiques thérapeutiques. Mais cette école de partage d’une vie coutumière a marqué les esprits et les corps de ceux qui y ont travaillé. »
Bruno Muel

Ce gamin-là
de Renaud Victor, 1975, 1h35

Ce gamin, là est consacré à la Tentative Deligny, c’est-à-dire à la vie commune, à Monoblet dans les Cévennes, d’un groupe d’enfants jugés inéducables, incurables par les spécialistes. La Tentative Deligny n’est pas une institution, ni une contre institution, c’est un lieu d’existence où l’enfant peut entamer « sa » propre histoire.
À Monoblet, dans les Cévennes, depuis 1967, des adultes vivent en présence proche d’enfants autistes : petites unités d’existences éparses vivants en réseau, « radeaux » dont Deligny serait le timonier.

 

« Et si au lieu de leur apprendre à parler, nous apprenions à nous taire ? »
« Quand on se met du côté des délinquants, des fous, des lycéens, la justice, l’école, l’asile, ont une drôle de gueule ; eh bien, de la même façon, quand on se met du côté des mutiques, c’est le langage qui a une drôle de gueule. »

 


Fernand Deligny : A propos d’un film à faire

de Renaud Victor, 1989, 1h07

Fernand Deligny parle de l’objet de son observation : l’autisme. Il en parle comme le chercheur qu’il est, avec des approximations, des interrogations et nous en donne ainsi l’image la plus juste possible. Par touches successives, il nous fait entrer dans la troublante énigme d’un monde sans langage. Il nous met aux aguets, avec lui dans une terre inconnue. Il s’adresse au cinéaste Renaud Victor et Renaud Victor nous fais partager son éblouissement : il filme l’intelligence au travail. Nous sommes saisis d’admiration face à l’humilité d’approche, à la subtilité de raisonnement d’un homme qui fait autorité et qui remet inlassablement en question ce qu’une vie de contemplation lui a appris. De manière concentrique, cette réflexion à voix haute nous mène au cœur du problème : l’image opposée au langage. Et l’autisme devient métaphore pour aborder le cinéma. Une manière de rêver au film idéal, un fruit du hasard et d’une image qui rejoindrait l’essence première. Quelle meilleur « trace d’espèce », pour reprendre les termes de Fernand Deligny, que ce portrait filial, véritable leçon de cinéma, laissée sur nos rives par un cinéaste singulier avant son grand départ ? Legs précieux de vérités oubliées, mémoire d’un autre règne, dont il faut saluer la fulgurante.

source : Simone Vannier pour UniFrance

 

 

Intervention de Ian Simms autour du travail de Fernand Deligny dans le cadre du colloque : Camérer, tracer : un autre territoire du cinéma

Tout au long des « tentatives » (en tant qu’instituteur/éducateur dans les asiles et institutions de « perfectionnement » pour enfants dans le nord de la France, avec l’association La Grande Cordée et les adolescents en grand difficulté d’insertion, et finalement dans les Cévennes avec des enfants autistes, hors-langage), Fernand Deligny explorait comment, à défaut de pouvoir vivre-ensemble, on pouvait fabriquer une proximité, un lien d’espèce, un geste-notre. À cet égard, c’est la caméra qui lui sert d’outil ; la caméra et la trace. Deux outils, deux infinitifs : camérer et tracer, qui ont permis à Deligny de repenser, non seulement l’usage de la caméra et le film, mais la notion même de l’image et la relation du sujet au langage.

Ian Simms est artiste et enseignant à l’Ecole supérieure d’art de Toulon, Provence, Méditerranée. Il a soutenu sa thèse à l’Université de Paris 8 sous la direction de Jean-Philippe Antoine en 2014. D’origine sud-africaine, pays d’où il s’est exilé pendant les années de l’apartheid, son travail s’articule autour des rapports de force politiques et sociales, des récits et leurs ruptures et la fonction épidémique de l’art, c’est-à-dire sa possibilité de générer ce qu’il nomme une tierce connaissance. Ian Simms habite et travaille à Toulon.


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2€ pour les moins de 14 ans
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