Édito
Un diptyque fait de deux essais cinématographiques sur l’errance et les liens de tendresse qui résistent à l’oubli.
Une partie de nous s’est endormie
2015 | France | 43 min
Par la ville, les tunnels, les ruelles étroites d’Avignon, Djilali nous emmène dans les boyaux d’un dédale, celui de sa vie. Lui et la réalisatrice devisent, de jour comme de nuit, au rythme de leur marche. Du récit de ses rêves nocturnes à celui de ses expériences, Djilali raconte, par bribes, un envers de notre époque.
« Je cherche mon identité. L’avez-vous vu ? » Djilali, un ancien détenu de longue durée, se promène dans l’obscurité protectrice des rues étroites. Parfois, l’architecture d’Avignon semble symboliser son intériorité et un sombre passé itinérant en lui. Derrière lui, Marie Moreau est bien plus qu’un documentariste: de toute évidence, leurs échanges longs et fructueux ont nourri leurs pérégrinations.
Dans ce film parlant, le récit des rêves et éventuellement l’autobiographie fictionnelle se fondent dans un projet commun : « Combien de moments avez-vous ? Combien en avez-vous besoin pour faire un film ? » s’interroge Djilali. L’édition suit le flot onirique inhérent aux états anciennement induits par la drogue et aujourd’hui par un effroyable « carcan psychologique ». « Malgré le toit, je me considère comme sans-abris » confie le marcheur.
Charlotte Garson
Soleil sombre
2017 | France | 41 min
C’est l’histoire d’une femme : Paulette Djemai, que j’ai rencontrée à travers les images tournées par son compagnon de vie Djilali Kerroum. Soleil sombre se glisse entre les lignes de la vie et du temps d’une femme et d’un homme qui s’accrochent à l’amour comme à un radeau de survie. Un jour Djilali est incarcéré et laisse Paulette seule. Son âge avancé, ses soucis de santé et ses lourds traitements de substitution la rendent très vulnérable. Entre somnolences et hospitalisations, Paulette attend. Elle traverse plusieurs épreuves et revient sur son histoire. Nous redécouvrons ensemble des images d’amour filmées par Djilali quelques mois auparavant. Dans ces vidéos de basse définition, leurs dialogues sont tendres et plein d’espoirs.
Sélections :
· Festival Cinéma du réel. Paris 2017
· Muestra Internacional de Cine con Perspectiva de Género Mexico (Mexique) – 2017
· Festival Cuba – 2017
· Festival film de Justice – 2018
· Festival Film court – 2018
PAULETTE – T’es bien avec moi Djilali ?
DJILALI – Ah oui oui j’suis bien ! j’suis bien !
PAULETTE – Moi aussi je suis bien avec toi. Je suis heureuse, je suis heureuse de tout. Je repars à zéro. J’ai plus d’appartement, j’ai plus rien, mais au moins…
DJILALI – Moi aussi.
PAULETTE – On est tous les deux. Y faut se soutenir Djilali. Même dans les bons, dans les mauvais moments, il faut se soutenir.
DJILALI – Eh oui… Faut pas se lâcher !
Marie Moreau : plasticienne et réalisatrice
Par l’activation de dispositifs relationnels, les formats proposés mettent à découvert et lèvent les mécanismes de mises sous silence, d’ostracisme et d’exclusion. Actuellement artiste associée au Centre National d’Art Contemporain, le Magasin des Horizons, à Grenoble et aux Subsistances – Grütli dans la cadre de l’appel à projet Geyser avec le Bureau des dépositions.
Entre 2001 et 2006, elle a co-activé Syndicat d’initiatives, développé à plusieurs reprises et présenté en 2006 à la Biennale de Paris. En 2012 elle crée Atlas Local, dispositif de récolte et de colportage de cartographies erratiques. Puis en 2013, elle co-crée Crossing Maps, plateforme de recherche-création sur la cartographie du voyage rendu clandestin par les politiques migratoires.
Depuis 2017, elle chemine avec plusieurs personnes inquiétées et/ou ségréguées par les politiques migratoires. Bureau des dépositions est une cellule de refonte de la justice et de l’agir coopératif en co-auteur. Plusieurs oeuvres immatérielles et performatives ont été créées par les dix co-auteurs.
Réalisation essais documentaires : Une partie de nous s’est endormie, Soleil sombre, La visite BPI / diffusion festivals (Cinéma du Réel, Viennal, Dei Popoli… ).
Depuis 2008, elle intervient auprès des étudiant·e·s de l’École Supérieure d’Art et de Design de Grenoble et du Master de réalisation de l’Université Grenoble Alpes / École documentaire de Lussas.
Informations pratiques
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La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance.
Nous pratiquons le prix libre (chaque personne paie ce qu’elle veut/peut/estime juste).
Nous croyons au prix libre comme possibilité pour chacun·e de vivre les expériences qui l’intéressent et de valoriser le travail accompli comme il lui paraît bienvenu. L’adhésion à l’association est nécessaire pour assister aux projections, elle est accessible à partir de 6€ et valable sur une année civile.