Les cartes blanches sont une des spécificités de Videodrome 2 et donnent l’occasion à toute personne de faire acte de programmation. Maeva Aubert est artiste cinéaste. Loisada, Avenue C, son premier documentaire de création sur un jardin communautaire à New York, a été présenté dans différents festivals et centres d’art en France et à l’étranger. Elle est également programmatrice cinéma/ vidéo free lance pour différentes structures culturelles (écoles des Beaux Arts, écoles d’architecture, musées, galeries, centres d’arts).
Pour cette carte blanche et cette seconde partie de cet acte de programmation, vous est présenté le film News from home de Chantal Akerman.
« News From Home a déclenché en moi une très profonde envie de faire à mon tour un film d’une expérience singulière de la ville. C’est ainsi que j’ai réalisé Loisada, Avenue C, mon premier film. » Maeva Aubert
‘C’est au début de mon séjour de trois ans à New York, alors que je passais beaucoup de temps à l’Anthology Film Archives, que j’ai découvert News From Home de Chantal Akerman.
J’ai été immédiatement fascinée par cet « OVNI » cinématographique , éblouie par sa forme libre et radicale qui habite tout le film et qui raconte en creux le quotidien de la cinéaste à New York. La puissance de ses longs plans fixes et de ses quelques travellings de la ville, magnifiquement cadrée par son amie et collaboratrice Babette Mangolte, m’ont totalement ébloui. Saisie aussi, par le traitement sonore hors-champ, parfois ponctué de rares silences et de ce flot de lettres lues en voix off par la voix monocorde et neutre de Chantal Akerman. Quelque chose entre le journal intime filmé et la Symphonie d’une grande ville. Ces lettres d’amour maternel, adressées à la cinéaste, alors âgée de 20 ans, ont été écrite par sa mère, six ans plus tôt. Elles décrivent la banalité de son quotidien à Bruxelles, alors que sa fille venait de s’installer à New York pour apprendre à faire du cinéma. On comprend combien la cinéaste a eu besoin de traverser un océan pour s’éloigner d’un quotidien familial ennuyeux. Ce chassé-croisé entre l’image et le texte, la « jeune Amérique » et la « vieille Europe », m’ont profondément décontenancé par leur puissance d’évocation. Pour faire ce film, elle a pris la décision intrépide et peu conventionnelle de filmer en 16 mm et avec des petits moyens alors que Jeanne Dileman, considéré comme son chef d’œuvre et consacré à Cannes l’année d’avant, aurait pu lui offrir une porte d’entrée pour faire des films à gros budget. Elle a choisi de suivre ses envies et a réalisé ce film expérimental émouvant, intemporel et magnifique.
News From Home a déclenché en moi une très profonde envie de faire à mon tour un film d’une expérience singulière de la ville. C’est ainsi que j’ai réalisé Loisada, Avenue C, mon premier film. »
MAEVA AUBERT
:: News from home
de Chantal Akerman – 1977, Belgique, 1h25
Sur une proposition de Maeva Aubert
Chantal Akerman lit les lettres que sa mère lui a écrites au cours de son premier voyage à New York, à vingt ans. Cette dernière lui donne des nouvelles de sa vie en Belgique et la prie surtout de lui écrire bientôt. La lecture, en off, est rythmée par de longs travellings et plans fixes dans les rues et le métro de New York. Ces derniers, symbolisant petit à petit l’expérience quotidienne de la cinéaste dans la métropole, nous livrent également un portrait des quartiers dans lesquelles se rend la réalisatrice.
Chantal Akerman revint en mai 76 à New York, la ville qu’elle avait découverte au début des années 70 en compagnie de son amie et collaboratrice Babette Mangolte. Au cours de cet été elle tourna avec très peu d’argent un film en 16 mm non synchronisé, avec Babette Mangolte et quelques volontaires. News From Home hérite directement de ces jours d’un tournage expérimental sans compromis à New York. (…) C’est une variation originale sur la métropole considérée du point de vue des marginaux, un portrait ni émerveillé ni aliéné de New York. ” Janet Bergstrom
Ces quelques phrases d’Akerman résument l’environnement artistique fertile qu’elle a découvert pendant son premier séjour à New York et son énergie communicative :
« Je suis arrivée à New York en novembre 1971, sans argent et sans anglais. Je m’y suis sentie incroyablement bien, j’avais l’impression d’être comme un poisson dans l’eau. J’y ai rencontré Babette Mangolte, elle m’a fait rencontrer le cinéma expérimental, j’en ai été sans doute marquée à jamais à ma façon » (…) « Je me sentais bien dans mon mauvais anglais, débarrassée de l’idée qu’il fallait que je parle bien le français, que j’écrive bien le français » (…) « À new York, j’avais l’impression que je pouvais tout. Faire et vivre comme je voulais. Je me sentais devenir forte et indépendante (…) Je courais à gauche, à droite, je volais (…) « Je me souviens de Jonas Mekas, de Michael Snow, d’Yvonne Rainer et d’Annette Michaelson. Un restaurant un peu populaire avec Jonas qui filmait avec une petite Bolex pendant que nous on mangeait. Après, chacun rentrait chez soi en marchant. J’ai énormément marché à New York, de Harlem à Soho. De jour comme de nuit, tout droit. J’ai aussi beaucoup déménagé et j’ai vécu chez des gens sur des canapés. À ce moment là il faisait froid. New York a énormément changé. Ça, tout le monde le sait, le dit et c’est vrai. Quand je l’ai connu en 1971, c’était une ville presque délabrée. C’était sa beauté. C’est ce délabrement que j’ai tant aimé. Et ces lignes. La ville était en faillite. Dangereuse, tout le monde le disait. Mais je n’avais pas peur . Au contraire, j’étais exaltée. »
( extrait de « Chantal Akerman, Autoportrait en cinéaste », Cahier du Cinéma / Centre Pompidou 2004. Paris.)
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