Dans le cadre de la résidence de Frédéric Werst à l’association Peuple et Culture Marseille, avec la participation de la Cinémathèque française, ce mardi soir vous est proposé Le Toit de la baleine du grand réalisateur chilien Raoul Ruiz. À l’invitation d’un millionnaire communiste chilien, un anthropologue se rend en Patagonie (une Patagonie toute métaphorique) pour y rencontrer les deux derniers survivants d’une tribu indienne, les « Yagans », et pour étudier leur langue. Une femme et un enfant sont aussi du voyage. Tel pourrait être l’argument du Toit de la baleine, si ce n’était par trop réducteur.
« Ce film de Raoul Ruiz, plutôt méconnu, aborde des questions toujours cruciales dans le monde actuel : la diversité des langues (on y parle néerlandais, allemand, français, anglais, espagnol, à quoi s’ajoute la langue indienne d’ailleurs inventée) ; l’habitude occidentale du colonialisme et de la domination ; le désir de retrouver, grâce aux peuples les plus éloignés, un rapport au monde plus humain et plus vrai, libéré des aspects pathologiques de notre « civilisation ». Ce sont là des questions qui sous-entendent également le travail que je fais en écrivant Ward, la littérature d’un peuple lui aussi imaginaire.
Filmé dans des couleurs souvent artificielles et déroutantes, dans un décor qui se limite à une simple maison, Le Toit de la baleine mêle les dialogues et les silences avec un sens prononcé de l’étrangeté, mais aussi un goût de l’écoute et de la contemplation. En plaçant la question politique de la langue toujours au centre, Ruiz alterne la fantaisie ethnographique, la réflexion sur les mots, la vision poétique et la quête hésitante de territoires intimes.
Loin de tout exotisme comme de tout réalisme, il nous présente une altérité en danger bien réel, et nous rappelle que l’imaginaire, aussi bien que l’Autre, est un besoin vital. Le Toit de la baleine, comme Ruiz le signale lui-même, est « un film sur la survie ». »
Frédéric Werst
Le Toit de la Baleine
Raoul Ruiz – 1982, Pays-Bas/France, 1h30, VOstFR
Un anthropologue veut apprendre le langage de l’un des derniers survivants d’une tribu indienne de Patagonie. Parodie de l’impérialisme culturel, linguistique et anthropologique, ce film compte six langues différentes, dont une inventée.
Raoul Ruiz :
Comment un réfugié politique chilien, contraint à l’exil après le coup d’État du général Pinochet du 11 septembre 1973, est-il devenu un grand cinéaste international, habitué des festivals et recherché par les stars (Deneuve, Mastroianni, Malkovich…) ?
Dès son arrivée en France, Ruiz déjoue ce qu’on attend de lui et livre Dialogue d’exilés, un film qui manie l’ironie et repousse fermement les clichés politiques en vigueur. Tout au long de sa carrière, des films expérimentaux pour l’INA aux adaptations littéraires fastueuses (Le Temps retrouvé, Les Âmes fortes, Mystères de Lisbonne), il est resté fidèle à son refus de la psychologie simpliste, lui préférant un authentique baroque cinématographique, un « réalisme magique » très personnel, plein d’humour et de bouffées surréalistes.
Ce que l’on ne tardera pas à comprendre, en revanche, c’est que l’œuvre de Raoul Ruiz, dans sa prolifération, arase hiérarchies et classifications, et prend l’allure d’un long continuum où chaque objet, fait de reprises, imitations secrètes, recyclages, cultive son imperfection poétique, et où les mêmes obsessions reviennent sans cesse, dans toutes les combinaisons possibles. La période INA se prolongera quelque temps, mais Ruiz l’ubiquitaire est déjà souvent ailleurs. Au Portugal, il filme Le Territoire (1981), récit d’une excursion glissant dans le cannibalisme. En Hollande, la Patagonie rêvée du Toit de la baleine (Het Dak van de Walvis, 1982), fable ethnographique où langues et identités se brouillent jusqu’à s’anéantir au contact du monde indigène. À Madère, Les Destins de Manoel (1985), conte fantastique en état d’enfance, l’un de ses plus beaux films.
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Peuple & Culture Marseille est une association culturelle d’éducation populaire membre du réseau national Peuple & Culture né en 1945. Elle mène des actions autour de la langue et de l’image, et plus particulièrement de la littérature et du cinéma documentaire à travers des activités de diffusion, de médiation, de pratique, de formation et d’échanges interculturels.
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