Ave Maria
de Danaé Viney & Manfred Sternjakob – 2017, 5 min, Mini-DV
Le court-métrage Ave Maria co-réalisé par Danaé Viney et Manfred Sternjakob introduit cette première soirée consacrée à l’opéra
au cinéma par la musique de Giusepe Verdi et le chant de Maria Callas. Tourné dans une salle de la Haute Ecole des Arts du Rhin où Danaé Viney étudie et Manfred Sternjakob enseigne, le film rend un double hommage à la Diva et à Werner Schroeter par une image elle aussi double, qui peut se voir comme un écho d’Argila.
Pour Danaé Viney et Manfred Sternjakob
« Parmi les méandres de la poésie
La Callas chante Danaé.
Au rythme des vocalises elle nous plonge
Dans la voûte céleste d’une danseuse étoile,
et représente la Diva
A capella. »
Marie Michels
Neurasia
de Werner Schroeter – 1968, Allemagne, 40 min, VOstFR
Neurasia ouvre le bal pour trois soirées consécutives sur les premiers films de Werner Schroeter qui se clôturera par La mort de Maria Malibran. Cinéaste peu reconnu – travaillant avec un budget très restreint qui provient principalement de la télévision Allemande – Schroeter ne fait aucun compromis. Il adapte ses moyens à sa juste nécessité. Les actrices sont ses amies, elles jouent la plupart du temps gracieusement, le décor de théâtre est réduit au plus simple, les murs servent de fond pour les plans resserrés… Schroeter déploie toute sa précision dans le montage, toute sa sincérité dans l’expression des corps et toute sa passion dans la force qui s’en dégage.
Neurasia est « basé sur un rituel de mimiques décalées et le dédoublement de l’image et des interprètes. Le réel est éliminé dans l’incohérence du vide existentiel. Abstrait, ce cinéma de la non-identité donne une vision interne des êtres. » (1)
Par abstrait, Roland Schneider entend peut-être la non-linéarité du récit, qui rebondit sans cesse d’avant en arrière, et renouvelle les rapports qu’entretiennent les images et les sons entre eux. Cette structure est singulière à Werner Schroeter qui précise :
« La Mort de Maria Malibran, Neurasia, Argila, Eika Katappa ne sont bien sûr pas des films narratifs. Le style y est primitif, improvisé. Ce qui me plaît beaucoup d’ailleurs. » (2)
(1) Roland Schneider, CinemAction, Cinéma allemand, les éditions du cerf, p. 67
(2) Propos recueillis à Cannes par Gérard Courant et Jean–Claude Moireau en mai 1978. Une partie de cet entretien a été publiée dans Les Soleils d’Infernalia, n° 16, août 1978 et une autre dans Les Cahiers du cinéma, n° 307.
Argila
de Werner Schroeter – 1968, Allemagne, 30 min, VOstFR
Le primitivisme de Schroeter se ressent pleinement dans Argila. Prenant la forme d’un diptyque, le film confronte deux points de vues symétriques du même montage légèrement retardé où le son désynchronisé vient se coller par endroit à l’image de droite ou de gauche. Le film est réalisé en 1968, la même année que Neurasia, dans un contexte plein d’espoir. Lors d’un entretien avec Gérard Courant en 1978, le cinéaste se confie :
« J’ai fait mes premiers films en plein bouleversement. C’était aux alentours de 1968. On avait beaucoup d’espoir et l’on pensait qu’une nouvelle esthétique et qu’une nouvelle société étaient en train de naître. Il nous semblait que tout était possible. On a tenté des choses que l’on n’aurait pas osé faire quelques années auparavant. Puis 68 est passé, s’est effacé peu à peu et toutes les illusions sont tombées. Il n’est donc plus possible de rêver comme on l’a fait de manière un peu trop utopique. » (1)
Dans Argila, trois femmes gravitent autour d’un homme mutique. Roland Schneider dans cinémAction ajoute :
« […] la projection double légèrement décalée [donne] un souvenir de lui-même. Une durée subjective est créée par la longueur des gros plans qui évacuent l’espace, et les airs chantés sont différents de ceux qu’on entend. » (2)
(1) Propos recueillis à Cannes par Gérard Courant et Jean–Claude Moireau en mai 1978. Une partie de cet entretien a été publiée dans Les Soleils d’Infernalia, n° 16, août 1978 et une autre dans Les Cahiers du cinéma, n° 307.
(2) Roland Schneider, CinemAction, Cinéma allemand, les éditions du cerf, p. 67
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