Programme de courts d’une durée de 1h10
A vingt ans Emmanuel Radnitsky a tracé son chemin : capter, fixer, transformer les rayons lumineux en taches dansantes, en moire mouvante, en couleurs détonantes, faire étinceler les objets. Se situant radicalement du côté de l’expérimentation, il réinvente tous les champs artistiques qu’il aborde. Lorsque Man Ray achète une caméra pour faire bouger ses images fixes, il est déjà connu comme peintre, sculpteur, créateur de ready made, photographe. Il s’est rallié au mouvement Dada aux côtés de ses amis Tristan Tzara, Robert Desnos, Paul Eluard, Louis Aragon, Philippe Soupault… L’objectif de Dada est alors clairement énoncé : bousculer le conformisme esthétique, le diktat du Beau. Pour perturber les rigidités du “bon goût”, la provocation est le moyen le plus efficace.
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Autoportrait
de Man Ray, 1930. Avec Man Ray et Lee Miller.
Volutes de fumée dans des bulles transparentes, traînées blanchâtres dans un film noir et blanc net et tranché qui s’achève par des tours de potache d’un Man Ray facétieux.
Il s’agit bien d’un autoportrait.
Entr’Acte
de René Clair, 1924. Sur un scénario de Francis Picabia. Musique : Erik Satie.
Ou le cinéma de l’instantanéïsme. “Apportez vos lunettes noires et de quoi vous boucher les oreilles”, Picabia.
Le film joue sur les vitesses extrêmes : – l’accéléré de la prise de vue ajouté à la vitesse du wagon tombant du grand huit a un but : ne pas laisser le temps de réfléchir. S’imposer au corps et non l’esprit, faire appel au plaisir physique provoqué par les sensations visuelles/corporelles ; – le ralenti a une autre fonction : éprouver la durée en plongeant le spectateur dans l’étrange sensation de lenteur. En prolongeant cet éprouvé de lenteur sans pesanteur, c’est la torpeur de l’étirement du temps qui saisit. – la variation des vitesses permet de rompre avec le cycle visuel ordinaire, quotidien et utilitaire. Et seul le cinéma permet d’y accéder. L’émergence des rythmes n’est pas la seule spécificité de la machine cinématographique que ce film met en évidence : l’un des derniers plans procède à la destruction de l’écran. Redevenu surface plane bidimensionnelle (comme la toile blanche du peintre), il est troué par la “projection” d’un homme hors de son espace illusionniste. Par là même il s’exhibe comme support de la représentation (la peinture a également fait cette même démarche).
Mireille Laplace
Les Mystères du Château de Dé
de Man Ray, 1929
A la demande du vicomte de Noailles qui vient de se faire construire une superbe demeure par l’architecte Mallet-Stevens dans le midi de la France, Man Ray accepte après bien des hésitations d’aller y tourner un “film de vacances” doublé d’une sorte de documentaire sur la fameuse maison. Le résultat est bien autre. Voici, selon son auteur, la source d’inspiration : “Avant de partir dans son château dans le midi, Noailles m’en remit une photo. C’était un agglomérat de cubes de ciment gris construit en haut d’une colline, sur les ruines d’un vieux monastère qui dominait la ville et la mer. Le château était l’œuvre d’un architecte célèbre de l’époque, Mallet-Stevens : sévère et discret, ce bâtiment semblait vouloir dissimuler l’opulence qu’il abritait. Mon esprit se mit à travailler malgré moi. J’imaginais différentes façons d’aborder le sujet. Après tout il valait mieux faire une sorte de plan, ne serait-ce que pour ne pas gaspiller mes efforts. Les formes cubiques du château me firent penser au titre d’un poème de Mallarmé : Un coup de dés jamais n’abolira le hasard. Ce serait le thème du film, et son titre aussi ”Les Mystères du Château du Dé”…
Deux hommes emmitouflés comme pour un voyage en plein air par temps froid, sont assis à un bar. C’est janvier, à Paris. Leurs traits sont estompés par les bas qui leur recouvrent la tête. Ils jouent aux dés pour savoir s’ils vont partir ou non. Les dés sont favorables. Ils sortent et se dirigent vers une voiture qui les attend. On voit leur haleine qui filtre à travers les bas. Ils partent pour une destination inconnue. La voiture quitte Paris, traverse des fortifications démolies et bondit sur des routes inégales. Puis ce sont les routes nationales, toutes lisses qui conduisent vers le sud. Le sol est couvert de neige, mais la voiture roule à vive allure ; il n’y a pas de circulation. Un rare camion, un train au loin -rien d’autre ne vit. Vers le sud, les peupliers et oliviers commencent à apparaître et les platanes sans feuilles, aux branches brutalement tronquées, semblent sortir des premiers tableaux cubistes. En entrant dans une petite ville, on aperçoit, sur une colline qui la domine, un château cubiste. La voiture suit, jusqu’au château, un chemin en spirale et pénètre à l’intérieur par une ouverture percée à même le mur, sans portail. L’on découvre alors une vaste pelouse entourée d’un mur dont les ouvertures espacées, rectangulaires, encadrent le paysage alentour. On se croirait dans une galerie avec des tableaux aux murs. Il n’y a de vie nulle part… Ayant commencé à tourner et ne sachant pas trop où j’allais, il me semblait que j’avais réussi à créer une atmosphère mystérieuse… (Autoportrait)
Les plans tournés au bord de la piscine en lumière naturelle permettent à Man Ray de jolis jeux de reflets, matière lumineuse et ondoyante, abstractions scintillantes, matériau de travail de l’Homme Rayon.
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Tarif de la séance
5€ la séance
2€ pour les moins de 14 ans
Gratuit pour les abonnés (cartes Rage et Scanner)
L’adhésion annuelle indispensable est de 3€ minimum
La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance
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