Édito

 

Petit à petit, et surtout grâce à l’émergence d’une nouvelle génération de réalisateurs et réalisatrices, la création cinématographique s’est enrichie et diversifiée avec une multiplicité de propositions artistiques et esthétiques qui sont allées au-delà du geste de mémoire historique, en puisant aussi dans les histoires personnelles et en usant des ressorts de la fiction. A travers 9 films et un programme d’art vidéo, le cycle propose de parcourir ces 50 années de création traversées par la dictature. Des films qui questionnent le présent et nous aident à comprendre les blessures profondes qui persistent encore dans le Chili contemporain.

 

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Séance en partenariat avec ASPAS, La Cineteca Nacional de Chile et Documentaire sur grand écran

                          

À la suite de la projection, nous vous donnons rendez-vous à Manifesten pour un temps rencontre-débats (59 rue Thiers – 13001)


No Olvidar

Ignacio Agüero | 1982 | Chili | 30 min

Réalisé sous le pseudonyme de Pedro Meneses, ce film suit cinq femmes d’une même famille qui recherchent leurs maris, arrêtés quelques jours après le coup d’état militaire de 1973. Après six ans de fouilles, elles retrouvent leurs corps, près de Santiago. Le film constitue par lui-même la preuve du crime perpétré par la police de Pinochet.

« Face à l’oubli, l’effacement, la disparition, Agüero oppose farouchement, aux côtés de cinq veuves, des formes de persistance – noms, sépultures, traces dans le paysage de ces vies fauchées par la dictature de Pinochet. Il inaugure quelque chose d’essentiel dans son cinéma : l’inscription du film dans la topographie et la toponymie, à la manière d’un rigoureux cartographe. Le film est ici un outil de dévoilement, l’image et la parole viennent rendre compte, attester – moment émouvant où deux protagonistes, le regard pénétré, concentré, manipulent des diapositives. Pour son premier film, réalisé à la sortie de ses études, Ignacio Agüero livre un combat courageux, avec abnégation et humilité, loin des gesticulations, imprécations ou rodomontades militantes. »

Arnaud Hée

Cien niños esperando un tren (Cent enfants qui attendent un train)

Ignacio Agüero | 1988 | Chili | 55 min

Dans le quartier défavorisé de Lo Hermida dans la périphérie de Santiago, la professeure Alicia Vega propose des ateliers de cinéma aux enfants de tous âges avec pour objectif à la fois pour eux de se projeter dans la réalisation et découvrir un film en salle dans la capitale.

« Cette attention et implication sociale constitue en soi un engagement politique d’autant plus fort que ce quartier ouvrier en marge de la société chilienne à une époque où les habitant.es sont considéré.es par leur instance dirigeante comme des ennemi.es potentiel.les. Ignacio Agüero sait se faire discret et attentif aux activités proposées où la prise de conscience du fonctionnement du cinéma va de pair avec le positionnement citoyen dans la société. Comme en témoignent plusieurs passages du film de manière subtile, le quartier est placé sous étroite surveillance militaire mais aussi de la police politique du dictateur lui-même, la DINA.
L’art devient alors par son souci d’accessibilité à toutes et tous sans discrimination, un enjeu politique pour construire une alternative locale afin de favoriser l’inclusion sociale et l’émancipation par l’expression de chacun et chacune. Cien niños esperando un tren est ainsi un engagement fort d’un grand courage dans le cadre d’une dictature étouffante. Le film reste aussi rétrospectivement un enjeu de mémoire et de visibilité social autant qu’un outil pédagogique d’une efficacité fascinante en ce qui concerne l’éducation à l’image d’hier et d’aujourd’hui. »

Cédric Lépine pour Médiapart

Ignacio Agüero

 

Auteur, réalisateur, producteur, acteur, Ignacio Agüero est né à Santiago du Chili en 1952. Il fait ses études de cinéma à Santiago, Buenos Aires et New York. Ses premiers films, réalisés sous la dictature, témoignent d’une forte conscience politique et sociale. En 1988 il co-réalise le programme télévisuel La Franja del NO, qui participe à la campagne référendaire du « Non » contre Pinochet. Acteur, il apparaît notamment dans des films de José Luis Torres Leiva ou Raúl Ruiz. Professeur de cinéma documentaire à l’école de cinéma de l’Universidad de Chile, il est l’un des membres fondateurs d’ADOC, l’association des documentaristes chiliens. Plusieurs rétrospectives de son travail de réalisateur se sont tenues en Argentine, Pérou, Bolivie, Brésil, Espagne ou Mexique. Parmi ses films documentaires on peut citer No Olvidar (1982), sur la recherche de disparus sous Pinochet, Como me da la gana (1985), Cien niños esperando un tren (1988), Aquí se construye (2000), qui traite de la démolition de quartiers entiers pour faire place à une ville écrasante et inhumaine, El diario de Agustín (2008), El otro día (2012), documentaire intimiste sélectionné en compétition international du festival Cinéma du réel en 2013, édition où l’on a pu redécouvrir No Olvidar dans le cadre de la rétrospective Chili : 1973 – 2013. Parmi ses derniers films, Como me da la gana II (2016) et Nunca subí el Provincia (2019) ont tous les deux obtenu le Grand Prix de la Compétition internationale au FIDMarseille.


L’Association Solidarité Provence Amérique du Sud organise une programmation événementielle et un travail tout au long de l’année. Depuis 25 ans, notre thématique concerne l’Amérique du Sud en lien avec la Culture, l’Art, le Cinéma et l’actualité dans une perspective de Solidarité entre les deux continents, pour une connaissance mutuelle et de respect de la Mémoire Historique vivante. Le Cinéma est notre principal vecteur combiné à l’information et le débat dans les Rencontres Solidaires au mois de novembre. Ces activités nous permettent de faire face à la désinformation et d’apporter à REPENSER LE MONDE…

A.S.P.A.S. guidée par une démarche interculturelle, se propose de tisser des liens entre la France et l’Amérique du Sud, en promouvant des expressions artistiques représentatives de sa diversité culturelle, ici, à Marseille, dans le cadre d’actions de proximité, mais aussi dans les Bouches-du-Rhône et en Région Sud Provence Alpes Côte d’Azur. Les divers publics sont au centre de son activité et au cœur des activités avec la création des espaces d’échanges autour d’œuvres privilégiant la présence des auteurs. Le milieu scolaire est l’autre phare de nos activités car on leur apporte le Cinéma et l’Histoire avec des témoignages et expériences vécus pendant les Dictatures militaires et le rôle des « Mères et grands-mères » en Argentine. La Défense de la démocratie et la Justice sociale sont des « phares » avec lesquels nous souhaitons vivement réussir à transmettre, à travers des expériences vivantes, l’Histoire récente et ouvrir l’accès à la connaissance de l’actualité de l’Amérique Latine.

De plus, l’association rapproche des générations très diverses en âge par des rencontres, par ses débats, dans un esprit de Solidarité et de coopération intergénérationnelles, que ce soit au sein même de l’Association ou lors des différentes manifestations.

Les objectifs qui ont toujours guidé A.S.P.A.S. et dont la portée est universelle sont la défense de la Démocratie, de la Nature, des peuples originaires, l’opposition à la violence contre les femmes et contre toute violence en général, l’opposition à toute forme de racisme, la lutte pour la Justice sociale et aujourd’hui la lutte pour LA PAIX dans le MONDE. Non à la guerre! Ces intentions sont mises en pratique à chaque Rencontre de Cinéma sud-américain depuis 25 ans, et bien sûr lors des « 18 Rencontres Solidaires » cette année.

Leonor Harispe pour l’ A.S.P.A.S

Informations pratiques

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📍 Séance au Cinéma Les Variétés

Billetterie


En complément du cycle : 3 documentaires à partir du 8 septembre

 

On vous parle du Chili : ce que disait Allende de Chris Marker et Miguel Littin | (voir ici)
La Cité des photographes de Sebastián Moreno | (voir ici)
Le Pacte d’Adriana de Lisette Orozco | (voir ici)

 

+ D’autres événements autour de la commémoration des 50 ans du coup d’État au Chili se tiendront à Marseille entre le 9 et le 17 septembre

 

• 9 septembre à 19h30 | Projection de films Las Patas en La Tierra. Chronique de l’Estallido Social de Gaël Marsaud et Les enfants des mille jours de Claudia Soto et Jaco Biderman au Cinéma Le Gyptis.

• 11 septembre à partir de 17h à Manifesten | Commémoration, rencontre et réflexion autour de 50 ans du coup d’État au Chili. Au programme : Human Library © et présentation chronologique des arpilleras chiliennes, dès l’AFDD à nos jours.

• 11 et 12 septembre à 19h | Installation-performance Nuestras Piedras au Petit Théâtre de la Friche Belle de Mai.

• 14 et 15 septembre | Journées d’études : Passés-Présents. Mémoires, traces et traumas de la dictature dans les arts au Chili à l’Auditorium Bibliothèque de l’Alcazar (programme ici).

• 16 septembre à 20h | Spectacle Je tirerais pour toi du collectif Merkén au Pôle National Cirque Archaos (voir ici).

• 21 septembre à 19h | Présentation du livre Les femmes contre Pinochet – Odile Loubet et les résistantes de l’ombre (Chili 1973-1990) de Samuel Laurent Xu à la Librairie Transit.

• 22 septembre à 18h30 | Projection de Au nom de tout mes frères de Samuel Laurent Xu (2019) à Mille Bâbords.

 

 

Avec le soutien de La cinémathèque du documentaire, de La Cinémathèque du documentaire à la Bpi – Centre Pompidou

En partenariat avec La Baleine, Les Variétés, ASPAS, Documentaire sur Grand Écran, La Cineteca Nacional de Chile

               


Toutes les séances du cycle

 

Planifié Les séances de cinéma
Videodrome 2 | 49, cours Julien | 13006 Marseille Carte