Programme de courts d’une durée de 50min
A vingt ans Emmanuel Radnitsky a tracé son chemin : capter, fixer, transformer les rayons lumineux en taches dansantes, en moire mouvante, en couleurs détonantes, faire étinceler les objets. Se situant radicalement du côté de l’expérimentation, il réinvente tous les champs artistiques qu’il aborde. Lorsque Man Ray achète une caméra pour faire bouger ses images fixes, il est déjà connu comme peintre, sculpteur, créateur de ready made, photographe. Il s’est rallié au mouvement Dada aux côtés de ses amis Tristan Tzara, Robert Desnos, Paul Eluard, Louis Aragon, Philippe Soupault… L’objectif de Dada est alors clairement énoncé : bousculer le conformisme esthétique, le diktat du Beau. Pour perturber les rigidités du “bon goût”, la provocation est le moyen le plus efficace.
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Anémic Cinéma
de Marcel Duchamp, 1926
Ou la physique amusante. Ce film de Marcel Duchamp réalisé en 1926 avec la collaboration de Man Ray et Marc Allégret a été tourné en version stéréoscopique. Un accident de développement a détruit une bande. Reste une bande pour un seul œil, faite de deux séries rigoureusement alternées de disques de carton en rotation lente. La durée des plans est strictement semblable tout au long du film. La métrique structure le film. Ce cas est unique dans le cinéma des années vingt. Ces deux séries de disques en carton se composent ainsi : – 10 disques de cercles décentrés par rapport à leur axe de rotation donnant une illusion de mouvement spiralés en relief ou en creux ; – 9 disques de jeux de mots inscrits en spirales. Ce sont de vraies spirales en rotation induisant un mouvement de la tête des spectateurs pour rattraper le texte. Deux espaces sont ainsi créés : – un espace visuel jouant sur des illusions optiques – un espace purement conceptuel. Cette alternance provoque un contraste entre un espace du discours avec jeux de mots convoquant l’intellect et un espace optique visant l’ordre physiologique. Mais la relation entre ces deux espaces, celui du texte et celui de l’image est purement corporelle. Il n’y a aucun lien sémantique de l’un à l’autre, mais une même rotation les relie, induisant une continuité synesthésique chez le spectateur.
Mireille Laplace
L’Étoile de Mer
de Man Ray, 1928
Des journaux, une étoile de mer, une femme nue et deux hommes…un inventaire surréaliste. Sur un poème de Robert Desnos. C’est le hasard, semble t-il qui ramène Man Ray en 1928 vers le cinéma. Si Emak Bakia est un film de transition entre l’esprit Dada et les principes surréalistes, L’Étoile de Mer est plus profondément influencée par la théorie surréaliste du rêve : il n’y a pas de frontière entre le sommeil et l’état de veille. Et pose le rapport entre le texte (de Desnos) et l’image (de Man Ray). Il s’agit moins d’expérimentations visuelles que de faire jaillir le non-sens d’un ensemble de séquences dans lesquelles les objets sont identifiables. Le texte de Desnos apparaît sous la forme de cartons du cinéma muet, déjouant le plus de sens qu’en principe il devrait apporter. En effet la rupture est patente, soit que le texte n’ait aucun rapport de signification avec les images (il faut battre les morts quand ils sont froids), ou qu’il en soit redondant, soit qu’à l’instar des images de la séquence qu’il souligne, il se teinte d’une bien étrange logique, jouant avec les sonorités des mots (si belle, Cybèle ; nous somme à jamais perdus dans le désert de l’éternerbre) comme Man Ray joue avec la matière lumineuse…
Émergence de l’irrationnel, du non sens onirique, par le texte et par la relation du texte à l’image. Toutefois le travail formel n’est pas négligé, comme dans la célèbre séquence de nu intégral où Kiki, filmée avec quelques tranches de gélatine devant l’objectif, est perçue comme à travers une vitre de verre brouillé. Verre qui viendra se briser avec le rêve, emportant le visage de la belle. Seule le mot belle en sortira indemne. Victoire du verbe sur l’image ? Pas si sûr. Le texte est lui même traité comme une image : typographie, superposition texte / image où le texte est inclus dans l’image en désignant sa surface tandis que la figure se trouve projetée dans l’arrière plan : enlevez le texte, l’image devient sans profondeur.
Mireille Laplace
Courses Landaises
de Man Ray, 1935
Pendant que son ami Picasso peint des corridas, Man Ray filme des courses de vachettes bousculant de jeunes hommes venus mesurer leur courage devant un public exigeant. Alternance du noir et blanc et de la couleur, exploration de nouveaux formats (16mm et 9,5mm) et des nouvelles pellicules couleur.
La Garoupe
de Man Ray, 1937. Avec Picasso, Dora Maar, Adrienne, Paul et Nusch Eluard, Roland Penrose et Man Ray
En 1935, Kodak vient de sortir de nouvelles pellicules couleurs que Man Ray veut essayer chez Picasso, dans sa maison de la Garoupe. Man Ray raconte qu’arrivés dans le midi tous les invités sautèrent dans leurs maillots de bains et constatèrent avec ironie que la blancheur de leur peau ne serait guère photogénique… Man Ray ne suit pas les conseils d’utilisation de la pellicule fournis par Kodak. Le résultat est étonnant : ciel vert, mer marron, peau cuivrée. Les amis de Picasso trouvèrent que leur peau orangée était tout-à-fait seyante et les techniciens de Kodak furent navrés d’un tel déni de réalisme. Man Ray en conclut qu’ils ne connaissaient pas Gauguin.
Mireille Laplace
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Tarif de la séance
5€ la séance
2€ pour les moins de 14 ans
Gratuit pour les abonnés (cartes Rage et Scanner)
L’adhésion annuelle indispensable est de 3€ minimum
La billetterie ouvre 30 minutes avant le début de chaque séance
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