Édito

 

Voici une invitation à arpenter une généalogie des images que l’Amérique renvoie à elle-même en temps de crise. Une psychanalyse cinématographique en six étapes de la déchirure interne propre à la bourgeoisie blanche états-unienne. Si dans les médias les États-Unis sont dits aujourd’hui fracturés, ce n’est pas une première : depuis la Guerre de Sécession, et le triste gâchis de la période de Reconstruction, l’imaginaire national, voir nationaliste, ne cesse d’invoquer une division perpétuelle, suggérant qu’inévitablement, un jour ou l’autre, il y aura des comptes à rendre.

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Medium Cool (Objet vérité) de Haskell Wexler

1969 | États-Unis | 1h50 | VOSTFR

Alors que la contestation gronde autour de la Convention nationale démocrate de 1968, un reporter TV plus concerné par le scoop que par la douleur des victimes se découvre soudain une conscience morale et politique.

Haskell Wexler entremêle, dans cet étourdissant Objectif Vérité, documentaire et fiction, dans un dispositif virtuose qui capte de manière saisissante le pouls d’un pays. Le gouvernement ne pouvait pas accuser les images de mentir puisque Wexler intègre son héros au sein d’émeutes filmées en direct. Il pouvait en revanche le censurer et le classer X l’année de sa sortie, sous prétexte de langage explicite et de nudité…

Dominik Moll à propos d’Objectif Vérité :

« Haskell Wexler est un des chef-opérateurs emblématiques du Nouvel Hollywood des années 70. Il est également le réalisateur de plusieurs documentaires engagés. Dans Objectif Vérité, il fait se répondre fiction et documentaire : on y voit des personnages de fiction se retrouvant dans des situations réelles (images saisissantes des manifestations lors de la convention démocrate de Chicago), et des personnages réels se retrouvant dans des situations fictives. Ça donne un cocktail brut et détonnant, et déjà une vision désenchantée de l’Amérique. »

Frédéric Caillard pour Critikat

 


Informations pratiques

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