Édito
Voici une invitation à arpenter une généalogie des images que l’Amérique renvoie à elle-même en temps de crise. Une psychanalyse cinématographique en six étapes de la déchirure interne propre à la bourgeoisie blanche états-unienne. Si dans les médias les États-Unis sont dits aujourd’hui fracturés, ce n’est pas une première : depuis la Guerre de Sécession, et le triste gâchis de la période de Reconstruction, l’imaginaire national, voir nationaliste, ne cesse d’invoquer une division perpétuelle, suggérant qu’inévitablement, un jour ou l’autre, il y aura des comptes à rendre.
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Five Easy Pieces (Cinq pièces faciles) de Bob Rafelson
1970 | États-Unis | 1h38 | VOSTFR
Robert Dupea a quitté sa famille pour une autre vie. Pianiste de grand talent, il a renoncé à ses dons pour mener une existence sans entraves et travaille comme ouvrier. Il a une maîtresse, Rayette, avec laquelle il s’ennuie, et pimente sa vie sans but de rencontres fugaces. Apprenant que son père est malade, il se décide à retourner chez lui. Rayette l’accompagne…
À la fin des années 60, le jeune Bob Rafelson est avant tout l’heureux producteur du groupe de musique The Monkeys qui lui permet de gagner de l’argent et de fonder sa propre société de production indépendante nommée BBS. Avec cette maison-mère, il choisit notamment de financer le film Easy Rider (Hopper, 1969) qui devient contre toute attente un phénomène du box-office mondial. Le film est un tel triomphe que Bob Rafelson a pu vivre pendant plusieurs années sur les bénéfices records de cet unique long-métrage. Après avoir lui-même subi un échec avec son premier film de réalisateur (Head en 1968), Bob Rafelson choisit de continuer à creuser le sillon d’un certain cinéma indépendant en écrivant un scénario très autobiographique intitulé Cinq pièces faciles. Ainsi, Bob Rafelson signe avec Five Easy Pieces (Cinq pièces faciles) une sorte de manifeste de tout ce qui va être appelé par la suite le Nouvel Hollywood et décrit donc l’état de déliquescence d’un modèle américain en bout de course en ce début des années 70.
Virgile Dumez
Bien qu’il ne fut pas le premier road-movie de l’histoire du cinéma, c’est à la sortie de Cinq pièces faciles que les critiques inventèrent la désormais fameuse dénomination. Or, l’anecdote s’arrêterait là si le film de Bob Rafelson, dans la foulée de Wanda et un an avant Macadam à deux voies, n’affichait pas les signes d’une modernité (et d’un genre) essentiellement marquée(s) par la fêlure et l’errance de ses sujets. Ici, Robert Dupea, ouvrier hâbleur magnifiquement incarné par Jack Nicholson, qui doit faire face à ses origines, au cœur d’un récit où se confrontent individualisme américain et poids d’un certain héritage européen.
Romain Genissel pour Critikat
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