Ça y est, finalement, nous atteignons avec ce quatrième film le pays tant rêvé par certains personnages des films précédents de Katsuya Tomita : la Thaïlande. Le réalisateur avoue avoir toujours ressenti une forme de nostalgie pour ce pays qui invoque pour lui un éden. Un paradis dont il s’attache pourtant à montrer la vie souterraine qui s’y déroule : la prostitution, la drogue et la guerre.

Bangkok Nites
de Katsuya Tomita – 2016, Japon/France/Thaïlande/Laos, 3h, VOstFR

Bangkok, mégapole en perpétuelle expansion. En son cœur, la rue Thaniya, quartier rouge destiné à la clientèle japonaise. Luck en est l’une des reines. Elle subvient à sa famille nombreuse demeurée dans une province du nord-est, près de la frontière laotienne. Un jour, elle retrouve Ozawa, ancien client et amant qui vivote dans une chambre modeste des bas quartiers. Quand Ozawa doit se rendre au Laos, elle l’accompagne pour le présenter à ses proches, et comme pour lui donner une dernière chance. Loin de Bangkok, Ozawa aspire à une vie paisible mais se confronte aussi partout aux cicatrices du colonialisme, et à celles de Luck.

« Le premier plan de Bangkok Nites de Katsuya Tomita, co-écrit avec Toranosuke Aizawa, est une de ces merveilles qu’offre parfois le cinéma : tout un film à-venir, les quasiment trois heures de désordre amoureux et de rage silencieuse, d’affects à fleur de peau et de mépris souverains que la mise en scène va savamment diffuser, déplier, étirer, sont là, condensées en quelques minutes seulement. Des minutes en suspension, pures, encore opaques, mystérieuses, encore vierges. On y voit Luck (Subenja Pongkorn) s’approcher d’une fenêtre. La vue qu’offre cette fenêtre donne sur une vue imprenable sur une ville, urbaine, brouillonne. C’est la nuit et cette ville ne dort pas. Au contraire, c’est une ville qui se révèle la nuit, qui a besoin de la nuit pour se dire ; La nuit cette ville vend ses charmes, et Luck est venu à Bangkok tenter à son tour sa chance, faire une petite fortune possible sur sa beauté. Alors son reflet se superpose à l’image que nous avons de la ville. Luck et Bangkok ne font plus qu’un. Ce n’est pas à proprement parler une fusion, un mariage. C’est plutôt, comme toujours avec Luck, une compétition : ce sera elle ou Bangkok. Si elle gagne, Bangkok lui appartiendra, elle sera la première, les hommes dépenseront des fortunes pour elle, et un bon client, plus accroché qu’un autre, lui offrira un restaurant, donc un passe droit social qui lui permettra de quitter à jamais la prostitution et devenir autre chose qu’une fleur. Si Bangkok gagne, Luck sera une fleur de plus arrachée à sa campagne, une fleur qui fanera rapidement, nuits après nuit, clients après clients, et dont le charme se changera en malédiction. Son visage à elle contre les lumières de la ville. C’est une partie de Go qui n’a qu’un tour, si on perd on ne peut pas réellement revenir et croire gagner. Il faut gagner vite, il faut dominer le jeu tout de suite, il fait sourire et saturer Bangkok de ce seul sourire, de cette seule silhouette, de ce seuls corps, pour qu’à la fin Bangkok, soit l’autre nom de Luck. »

Philippe Azoury – Quatorze chants pour Luck (texte inédit)
(source : Survivance)

 

Katsuya Tomita

Né en 1972 à Kofu au Japon. Après le baccalauréat il se met à travailler comme ouvrier de chantier et chauffeur routier, investissant ses économies pour réaliser des films avec ses amis comme acteurs. Durant 3 ans, à l’aide d’une caméra 8 mm, il passe tous ses week-ends pour réaliser son premier long-métrage Above the Clouds sorti en 2003. Grâce au prix obtenu par le film il tourne Off Highway 20 (2007) en 16 mm. En 2008 il décide de se lancer dans le projet Saudade (2011) situé à Kofu sa ville natale. Le film est financé grâce aux souscriptions de ses habitants et prend un an et demie pour sa réalisation qui a lieu les jours de repos de Katsuya Tomita, alors chauffeur de poids lourds. Il est invité au Festival international du film de Locarno et remporte la Montgolfière d’or au Festival des 3 continents de Nantes. Le film est présenté dans de nombreux festivals à travers le monde, dont 4 d’entre eux organisent une rétrospective des ses œuvres, notamment le Festival international du film de Jeonju. Il réunit au Japon 30.000 spectateurs ce qui en fait un succès commercial. En 2012, Tomita entame des allers-retours entre Bangkok et Tokyo pour préparer Bangkok Nites. Bangkok Nites est sélectionné en 2016 en compétition à Locarno et reçoit le prix du jury au festival Kinotayo en 2017 à Paris.

Filmographie
17 ABOVE THE CLOUDS (Kumo no ue, 8mm -> DVCAM, couleur, 140 min, 2003)
OFF HIGHWAY 20 (Kokudo 20 gosen, 16mm -> DVCAM, couleur, 77 min, 2007) FURUSATO 2009 (HDV, couleur, 50 min, documentaire, 2009)
SAUDADE (HDV -> 35mm -> DCP, couleur, 167 mn, 2011)
BANGKOK NITES (HD, 183 min, 2016)


Katsuya Tomita et la « génération 1982 d’un Easy rider japonais »

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